• A une robe rose!

     

    A une robe rose!

    Que tu me plais dans cette robe

    Qui te déshabille si bien,

    Faisant jaillir ta gorge en globe,

    Montrant tout nu ton bras païen !

     

    Frêle comme une aile d'abeille,

    Frais comme un coeur de rose-thé,

    Son tissu, caresse vermeille,

    Voltige autour de ta beauté.

     

    De l'épiderme sur la soie

    Glissent des frissons argentés,

    Et l'étoffe à la chair renvoie

    Ses éclairs roses reflétés.

     

    D'où te vient cette robe étrange

    Qui semble faite de ta chair,

    Trame vivante qui mélange

    Avec ta peau son rose clair ?

     

    Est-ce à la rougeur de l'aurore,

    A la coquille de Vénus,

    Au bouton de sein près d'éclore,

    Que sont pris ces tons inconnus ?

     

    Ou bien l'étoffe est-elle teinte

    Dans les roses de ta pudeur ?

    Non ; vingt fois modelée et peinte,

    Ta forme connaît sa splendeur.

     

    Jetant le voile qui te pèse,

    Réalité que l'art rêva,

    Comme la princesse Borghèse

    Tu poserais pour Canova.

     

    Et ces plis roses sont les lèvres

    De mes désirs inapaisés,

    Mettant au corps dont tu les sèvres

     

    Une tunique de baisers.

     

    Theophile Gaultier

    « Bon dimanche à toutes et tous !Rêveuse ! »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :